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TRAITÉ DE LA PEINTURE

une demi-once de blanc grossier et la valeur d’une fève de pierre amétiste[1], et broie-les bien le plus que tu pourras. Plus on broie, plus la teinte loin de se gâter s’améliore. Mélange ensuite la colle comme nous l’avons dit.

xix.00Comment il faut donner au papier la teinte indigo.

Pour la teinte indigo, prends la quantité de feuilles comme dessus, une demi-once de blanc et la valeur de deux fèves d’indigo de Venise[2] ; broie-les bien ensemble, sans crainte de gâter en broyant trop. Finis avec le même encollage que nous avons désigné plus haut.

xx.00Comment on doit teindre le papier tirant sur le rouge, ou presque
couleur de pèche.

Pour teindre en couleur tirant sur le rouge la quantité de feuilles dites ci-dessus, prends une demi-once de terre verte pour deux fèves de gros blanc et une fève de sinopia, ou rouge clair. Broie de la même manière, et mélanges-y la colle ou la tempera.

xxi.00Comment on teint le papier de couleur d’incarnat.

Pour faire la teinte d’un bel incarnat, il faut prendre toujours pour la même quantité de feuilles une demi-once de gros blanc et moins d’une fève de ci-

  1. La pierre amétiste était un rouge violet qui, mêlé avec le blanc, faisait une teinte violacée comme le rouge Vandyk. Cennino le décrit au chap. 42.
  2. Au lieu d’indigo de Venise, il y a dans l’italien : Indaco Maccabeo. L’éditeur observe que ce doit être baccadeo, parce que l’on se servait de l’indigo en perles (ou bacche, graines), usage alors et aujourd’hui encore conservé à Venise, ou bien parce que l’indigo extrait de la plante sort, de l’écorce comme une graine. On pourrait encore dire que maccadeo ou baccadeo étaient des expressions usitées par les marchands, on pour désigner les marchands qui apportaient l’indigo du Levant.