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TRAITÉ DE LA PEINTURE

morceaux. On. s’en sert sur mur à fresque où il dure pour toujours ; sur panneau il faut l’encoller. Cette couleur doit être broyée comme les autres dont nous avons parlé avec un mélange d’eau claire, il ne faut pas trop la broyer ; et d’abord, comme elle est difficile à réduire en morceaux, il convient de la briser dans un mortier de bronze, comme on le fait pour le lapis améthiste. Mise en œuvre, on la trouve d’un jaune riche. Cette couleur, avec les mélanges que je t’indiquerai, fait de belles verdures et des teintes de gazon. On m’a voulu faire entendre que cette couleur était une pierre naturelle venue du haut des montagnes ; cependant je te dis que c’est une couleur faite par art, mais non chimiquement[1].

xlvii.00De la nature d’un jaune que l’on nomme orpîn.

Il y a un jaune que l’on nomme orpin, qui est un produit de l’art et de la chimie, il est véritablement toscan. Il est d’un jaune plus vague et plus semblable à l’or qu’aucun autre. Sur mur il n’est bon ni à fresque ni à tempera, il devient noir aussitôt qu’il voit l’air. Il est très-bon pour peindre sur des pavois ou des lances. En mêlant cette couleur avec de l’indigo, on fait des verts d’herbes ou de feuilles. On ne peut qu’employer la colle pour l’encoller. On s’en sert comme de médecine pour les éperviers dans certaines de leurs maladies. Cette couleur est d’abord la plus dure à broyer qu’il soit dans notre art. Aussi, quand tu veux la faire, mets une certaine quantité sur la pierre, et avec celle que tu tiens en main va peu à peu la rassemblant et l’écrasant entre ces deux pierres, y mêlant un peu de

  1. Cette déclaration douteuse de l’auteur sur la nature du giallormo prouve évidemment qu’il ne connaissait pas la fabrication et la provenance de toutes les couleurs ( Cav. Tambroni.)