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TRAITÉ DE LA PEINTURE

tient sur la veine d’argent et l’entoure. Il en vient beaucoup en Allemagne et dans le pays de Sienne. Soit en nature, soit en pains, il faut le réduire le plus possible. Quand de ce bleu tu veux faire des champs, il faut le broyer peu à peu et légèrement avec de l’eau, parce qu’il est fort et rebelle à la pierre. Si tu veux en faire des vêtements ou du vert comme je l’ai déjà dit, il faut le broyer davantage. Il est bon sur mur, à sec, et sur panneau. Il supporte la tempera de jaune d’œuf, la colle et tout ce que tu veux.

lxi.Comment on fait de plusieurs couleurs un bleu qui contrefait l’azur d’Allemagne.

On fait un azur clair ressemblant au véritable. On prend de l’indigo, on le broie à perfection avec de l’eau ; on y mêle un peu de blanc de plomb pour les tableaux, ou du blanc de Saint-Jean si on l’emploie sur mur (il ressemble beaucoup à l’azur) ; on le mélange à la colle.

lxii.De la nature et manière de faire le bleu d’outremer[1].

Le bleu d’outremer est une couleur noble, belle et plus parfaite qu’aucune autre. On ne peut en faire assez de cas, ni en trop parler. Son excellence m’engage à m’étendre sur ce sujet et à t’expliquer longuement comment elle se fait. Sois attentif, car elle te sera utile et te fera honneur. Grâce à cette couleur et à l’or (qui embellit tous les travaux de notre art) on

  1. La manière actuelle de faire cette couleur est tout à fait différente de celle qu’enseigne Cennino dans ce chapitre. Ce sera aux peintres à en faire l’essai. La méthode de l’auteur a pour elle l’expérience de plusieurs siècles et la beauté de ces draperies bleues que nous voyons encore aujourd’hui merveilleusement resplendissantes, soit sur mur, soit dans leurs tableaux. On doit observer que l’action du feu, a laquelle on soumet aujourd’hui la pierre, doit amener de l’altération dans la partie colorante. (Cav. Tambroni.)