Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
le chercheur de trésors.

IX

Partagé entre la joie et la tristesse, Yori suivit, la tête basse, un officier tout chamarré d’or qui devait lui montrer les coffres remplis de diamants, de rubis, d’émeraudes, de pierres fines, où le jeune aventurier pourrait puiser à pleines mains.

Il se trouva aussitôt sur les flancs de la montagne, dans un jardin luxuriant, où des ombrages touffus abritaient les allées contre les ardeurs du soleil déjà descendu vers l’horizon. Ce jardin désert semblait triste et sombre ; Yori se sentait le cœur serré, à la pensée de Nareya, et le mutisme de son compagnon le laissait tout entier à ses réflexions.

Le soir venait ; une demi-teinte affaiblissait les objets ; tout à coup, au détour d’une allée, une ombre blanche passa rapidement, escortée d’une autre ombre noire. Un cri parvint aux oreilles du daïmio :

— Adieu, Yori ! je t’aimais et je meurs pour toi !

Je t’aimais !… Ce mot magique ouvrit comme un voile devant les yeux de Yori. Il revit en une seconde sa vie passée, si agitée, si inutile, l’amour inconstant de Nikkó, la futilité de la jeune veuve, sa beauté apprêtée et déjà sur le retour ; il songea encore à l’ingratitude de ses amis et à l’incertitude d’un bonheur qui ne repose que sur des biens matériels.

Et, à côté de tout cela, la douce figure de Nareya évoquée pour la dernière fois, son affection si vraie, son dévouement payé par tant d’ingratitude…

— Arrêtez ! arrêtez ! cria Yori en courant dans le chemin où la jeune fille et son ravisseur venaient de disparaître.


Arrêtez, arrêtez, cria Yori en courant.

Et les ayant rejoints :

— Je te laisse tes perles et tes pierres précieuses, dit-il au roi des génies, elles ne valent pas pour moi le cœur de Nareya.