Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
contes japonais.


Elle lui jeta une pomme d’or.

X

Yori a réalisé les derniers débris de sa fortune. En ven­dant quelques objets précieux, devenus inutiles dans sa vie plus simple, en réclamant à ses anciens amis l’argent prêté aux jours heureux, en faisant rendre gorge, pour partie, à son intendant, il a trouvé de quoi utiliser son travail. Dans la coquette habitation où il a installé Nareya, il ne voit plus, comme au temps de sa splen­deur, trois cours et trois corps de bâtiments, précédés d’un luxueux portique, encombrés d’une foule de serviteurs et de nombreux samuraïs désireux de saluer le jeune maître à son lever ; dans son vestibule, entre les deux grands vases du tokônoma, au-dessous des carac­tères sacrés qui appellent le repos sur la maison, on ne trouve plus le chevalet sur le­quel le daïmio, en rentrant, suspendait ses sabres, alors son honneur et son orgueil, car il a renoncé à un rang qu’il ne pouvait plus tenir. Mais qu’importe à Yori ! Il ne lui faut maintenant, pour être heureux, qu’un sourire de sa femme au milieu des fleurs de son jardin.