Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
le chercheur de trésors.

L’ingrate Nikkô n’est pas à plaindre ; elle a trouvé d’autres soupirants, et on la surprendrait bien, sans doute, si on lui parlait du brillant et riche daïmio, fils d’Irakkô, aujourd’hui oublié.

Parfois pourtant, au milieu de ce bonheur, Yori a eu un soupir de regret pour les trésors de l’Asama, un instant entrevus, et retirés de ses mains, pour ainsi dire.

— Si nous avions pu, sans être séparés, emporter notre charge d’or et de pierreries !…

— En serions-nous plus heureux ? répond Nareya avec un baiser.

Malgré tout, Yori avait un regret.

Or, dernièrement, il venait encore d’évoquer son rêve d’autrefois, après avoir éloigné son fils pour ne pas lui faire entendre ces folies. L’enfant jouait sur la terrasse, quand, de l’intérieur d’un grand vase servant de décoration à l’escalier, une voix douce l’appela, et il en sortit une fée toute mignonne, toute rose, qui lui jeta une pomme d’or et disparut. Joyeusement, l’enfant porta à son père le mystérieux cadeau. Celui-ci lut, gravé sur le métal :

« Il y a bien des trésors dans l’Asama. Prends garde à ton choix ! À quoi sert la richesse ? Le plus précieux trésor est une femme aimante et sage ».

Yori reconnut dans l’issue de son aventure l’intervention des dieux, et depuis, il est guéri de ses rêves de fortune.