Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1837, tome 2.djvu/259

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lait s’y prendre pour désenchanter lui, Bélerme, Durandart et tous ceux qui se trouvaient là. Mais ce qui me causa le plus de peine de tout ce que je vis et remarquai là-bas, ce fut qu’étant à causer sur ce sujet avec Montésinos, une des deux compagnes de la triste Dulcinée s’approcha de moi, sans que je la visse venir, et, les yeux pleins de larmes, elle me dit d’une voix basse et troublée : « Madame Dulcinée du Toboso baise les mains à votre grâce, et supplie votre grâce de lui faire celle de lui faire savoir comment vous vous portez ; et, comme elle se trouve dans un pressant besoin, elle supplie votre grâce, aussi instamment que possible, de vouloir bien lui prêter, sur ce jupon de basin tout neuf que je vous présente, une demi-douzaine de réaux, ou ce que vous aurez dans la poche, engageant sa parole de vous les rendre dans un bref délai. » Une telle commission me surprit étrangement, et, me tournant