Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/137

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Il rêve d’un ami à qui crier sa peine, car elle l’étouffe à la longue, l’étrangle ! Il lui est arrivé de la raconter tout haut, dans les bois. Mais ces paroles-là ne rafraîchissent pas ; ce ne sont pas les mêmes qui vous viennent quand un autre vous écoute, son bras passé au vôtre !

Un matin, Célestin était venu, le chercher pour lui faire constater certains dégâts : plusieurs vannes d’ardoises avaient été emportées dans les canaux d’irrigation de la prairie. La terre et le ciel, ce jour-là, s’amalgamaient en une indissoluble grisaille, si triste, si inexorablement triste !… Son cœur se serra, l’homme qui marchait devant lui était bon. Un besoin irrésistible lui vint de se jeter dans ses bras… et il appela : « Célestin ! »

Il s’était arrêté.

L’autre se retourna, vit des larmes dans les yeux de son maître.

« Mon pauvre Célestin ! »

Ce fut tout… mais, ensuite, il marchait tout près de lui, la main sur son épaule.