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Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/189

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terre molle. Là-bas, sous un préau qui servait de buanderie, Estelle se tenait à genoux devant un chaudron de lessive. Il la voyait s’arrêter, parfois, d’étreindre son linge, et il lui sembla qu’elle pleurait.

À son approche, elle s’essuya les yeux avec son bras, rougi par l’eau bouillante.

« Qu’est-ce qu’il y a, Estelle ? qu’est-ce que tu as ? » La jeune servante essaya de parler, mais les sanglots la gagnèrent et elle se cacha la figure.

Il la regardait. Le corsage, dégrafé en haut, découvrait la chair délicate de la gorge. Avec plaisir, il regardait cette chair satinée et d’une douce blancheur. « En vérité, pensait-il, n’était ses mains, cette fille serait jolie ! »

Voyons !… petite Estelle – et il était tenté, comme pour la consoler, de mettre la main sur son épaule – enlève ton bras… dis-moi pourquoi tu pleures ?… »

Elle ne répondit pas davantage.

« Pauvre fille ! » murmura-t-il, en s’éloignant, et il entra dans le potager. Derrière un massif,