Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/190

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une pelle bêchait, sonnait à plat sur les cailloux. Il se promena dans l’herbe mouillée des allées qui n’avaient pas été parées depuis longtemps, le long des choux d’hiver dont les feuilles pendaient, jaunies. Les poiriers alignaient leurs arides et galeux squelettes ; ici achevait de pourrir l’écorce d’un reste de citrouille ; plus loin, un chat se sauva de lui. En côté, tout du long, s’étendaient les charmilles, roussies, oxydées, semblables aux décombres ferrugineux d’un incendie. Et aussi, au pied d’un mur, il reconnut de vieux vêtements à lui, dont on s’était servi pour fabriquer un épouvantail ; du pied il déplaça cette défroque, comme il eût fait du cadavre d’un renard ou d’une martre.


Jusqu’au déjeuner il se promenait ainsi, d’un cœur distrait, étranger à toutes ces choses ; puis il déjeunait, seul ; puis il allait s’étendre sur le canapé du petit salon. Il ne savait que faire. La seule ressource du Fougeray, la chasse, son deuil la lui interdisait ; dans les châteaux voisins n’habitaient que de vieilles gens. Alors il prenait patience