Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/228

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sera ému… il aura un geste filial, un élan !” Ce seul mouvement de tendresse aurait tout racheté, tout payé ! Oui, oui, c’est bien sûr !… Et si, là, tout à l’heure, convaincu de disposer encore de tes moyens d’indépendance, tu m’avais dit… seulement dit : “Mon père, puisque ma mère est morte, que vous souffrez d’être seul, je vivrai près de vous, je serai votre fils !” Oh ! alors !… alors !… quelle compensation tu m’aurais donnée !… quelle joie tu m’aurais donnée ! “Tu m’as ruiné, je t’aurais dit, tu t’es ruiné, mais au moins ton cœur te reste, enfant prodigue… et viens-t’en dans mes bras !” »

Il se tut ; il était à bout de souffle et de forces.

Anthime l’avait écouté, en tenant braqués sur lui des yeux d’effarement, l’esprit dispersé par tous les sentiments qui se le partageaient à la fois : la stupéfaction, l’indignation contre son créancier, un profond malaise à se voir rejeté si loin de la façon dont il avait coutume de traiter toutes les questions d’argent.

« Mais, mon père, s’écria-t-il, vous vous exagérez les choses !… Il est vrai, oui, j’ai fait