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Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/275

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comme ce soir, les vêtements en désordre et traînant de la paille, la figure cadavéreuse, les cheveux dépeignés, collés aux tempes comme par une sueur de fièvre !

« Sûrement ! se disait-il, plus alarmé que jamais, il s’en ira !… il va me quitter ! »

Tous les deux continuaient de se taire.

Mais quand Frédéric, son service fini, se fut éloigné dans l’office, Anthime, d’une voix oppressée, sifflante, prononça :

« Mon père !… je voudrais savoir… que vous me disiez… si, avant de mourir, ma mère eut connaissance de mes dettes, et… si elle a su l’étendue de vos pertes ? »

Et, d’un seul tour, ses yeux, injectés d’un feu violent, plongèrent leur sonde dans ceux de son père.

M. des Lourdines rougit légèrement, baissa la tête et, déplaçant machinalement son assiette :

« Non ! » fit-il.

L’hésitation, si courte qu’elle eût été, n’échappa pas à Anthime. Il ne broncha pas ; mais, sans répondre, avec une particulière insistance,