Loin de toi, dans l’opprobre ils meurent avilis ;
Pour conserver leur trône ils doivent être unis.
Alors de l’univers ils forcent les hommages ;
Tout, jusqu’à Plutus même, encensé leurs imagés ;
Tout devient juste alors ; et le peuple et les grands,
Quand l’homme est respectable, honorent les talens.
Ainsi l’on vit les Grecs prôner d’un même zèle
La gloire d’Alexandre et la gloire d’Apelle ;
La main de Phidias créa des immortels ;
Et Smyrne à son Homère éleva des autels.
Nous, amis, cependant, de qui la noble audace
Veut atteindre aux lauriers de l’antique Parnasse,
Au rang de ses granas noms nous pouvons être admis ;
Soyons cités comme eux entre les vrais amis.
Qu’au-delà chi trépas notre ame mutuelle
Vive et respire encor sur la lyre immortelle.
Que nos noms soient sacrés ; que nos chants glorieux
Soient pour tous les amis un code précieux.
Qu’ils trouvent dans nos vers leur ame et leurs pensées ;
Qu’ils raniment encor nos muses éclipsées ;
Et qu’en nous imitant ils s’attendent un jour
D’être chez leurs neveux imités à leur tour.
Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/208
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