Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/260

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L’Amour croit par l’exemple, et vit d’illusions.
Belles, étudiez ces tendres fictions
Que les poëtes saints, en leurs douces ivresses,
Inventent dans la joie aux bras de leurs maîtresses.
De tout aimable objet Jupiter enflammé ;
Et le dieu des combats par Vénus désarmé,
Quand la tête en son sein, mollement étendue,
Aux lèvres de Vénus son ame est suspendue ;
Et dans ses yeux divins oubliant les hasards,
Nourrit d’un long amour ses avides regards ;
Quels appas trop chéris mirent Pergame en cendre ;
Quelles trois déités un berger vit descendre
Qui, pour, briguer la pomme abandonnant les cieux,
De leurs charmes rivaux enivrèrent ses yeux ;
Et le sang d’Adonis, et la blanche Hyacinthe
Dont la feuille, respire une amoureuse plainte ;
Et la triste Syrinx aux mobiles roseaux,
Et Daphné de lauriers peuplant le bord des eaux ;
Herminie aux forêts révélant ses blessures,
Les grottes, de Médor confidentes parjures,
Et les ruses d’Armide, et l’amoureux repos
Oû, sur des lits de fleurs, languissent les héros ;
Et le myrte vivant aux bocages d’Alcine.
Les Grâces dont les soins ont élevé Racine
Aiment à répéter ses écrits enchanteurs,
Tendres comme leurs yeux, doux comme leurs faveurs.