Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/268

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L’airain coule et respire. En portiques sacrés
S’élancent le marbre et la pierre.

II.


Toi-même, belle vierge à la touchante voix,
Nymphe ailée, aimable sirène,
Ta langue s’amollit dans les palais des rois,
Ta hauteur se rabaisse, et d’enfantines lois
Oppriment ta marche incertaine ;
Ton feu n’est que lueur, ta beauté n’est que fard.
La liberté du génie et de l’art
T’ouvre tous les trésors. Ta grâce auguste et fière
De nature et d’éternité
Fleurit. Tes pas sont grands. Ton front ceint de lumière
Touche les cieux. Ta flamme agite, éclairé,
Dompte les cœurs. La liberté,
Pour dissoudre en secret nos entraves pesantes,
Arme ton fraternel secours.
C’est de tes lèvres séduisantes
Qu’invisible elle vole ; et par d’heureux détours
Trompe les noirs verroux, les fortes citadelles,
Et les mobiles ponts qui défendent lés tours,
Et les nocturnes sentinelles.

III.


Son règne au loin semé par tes doux entretiens
Germe dans l’ombre au cœur des sages.
Ils attendent son heure, unis par tes liens,