Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/285

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La vierge tyrienne, Europe, son amour,
Imprudente, le flatte ; il la flatte à son tour
Et, se, fiant à lui, la belle désirée
Ose asseoir sur son flanc cette charge adorée.
Il s’élance flans l’onde, et le divin nageur,
Le taureau roi des dieux ; l’humide ravisseur
À déjà passé Chypre et ses rives fertiles ;
Il approche de Crète et va voir les cent villes.



À M. DE PANGE


Heureux qui se livrant aux sages disciplines,
Nourri du lait sacré des antiques doctrines,
Ainsi que de talens a jadis hérité
D’un bien modique et sûr qui fait la liberté !
Il a, dans sa paisible et sainte solitude,
Du loisir, du sommeil et les bois et l’étude ;
Le banquet des amis et quelquefois, les soirs,
Le baiser jeune et frais d’une blanche aux yeux noirs.
Il ne faut point qu’il dompte un ascendant suprême,
Opprime son génie et s’éteigne lui-même,
Pour user, sans honneur, et sa plume et son temps
À des travaux obscurs tristement importans.
Il n’a point, pour pousser sa barque vagabonde,