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Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/30

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Aux lois de Cassini les comètes fidèles ;
L’aimant, de nos vaisseaux seul dirigeant les ailes,
Une Cibèle neuve et cent mondes divers,
Aux yeux de nos Jasons sortis du, sein des mers.
Quel amas de tableaux, de sublimes images,
Nait de ces grands objets réservés à nos âges !
Sous ces bois étrangers qui couronnent ces monts,
Aux vallons de Cusco, dans ces antres profonds,
Si chers à la fortune et plus chers au génie,
Germent des mines d’or, de gloire et d’harmonie.
Pensez-vous, si Virgile, ou l’Aveugle divin,
Renaissaient aujourd’hui, que leur savante main
Négligeât de saisir ces fécondes richesses,
De notre Pinde auguste éclatantes largesses ?
Nous en verrions briller leurs sublimes écrits :
Et ces mêmes objets que vos doctes mépris
Accueillent aujourd’hui d’un front dur et sévère,
Alors à vos regards auraient seuls droit de plaire ;
Alors, dans l’avenir, votre inflexible humeur
Aurait soin de défendre à tout jeune rimeur
D’oser sortir jamais de ce cercle d’images
Que vos yeux auraient vu tracé dans leurs ouvrages.
Mais qui jamais a su, dans des vers séduisans,
Sous des dehors plus vrais peindre l’esprit aux sens !
Mais quelle voix jamais, d’une plus pure flamme,
Et chatouilla l’oreille et pénétra dans l’aine !
Mais leurs mœurs et leurs lois, et mille autres hasards,
Rendaient leur siècle heureux plus propice aux beaux-arts.
Eh bien ! l’ame est partout ; la pensée a des ailes.
Volons, volons chez eux retrouver leurs modèles,