Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/84

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LYDÉ


Mon visage est flétri des regards du soleil.
Mon pied blanc sous la ronce est devenu vermeil.
J’ai suivi tout le jour le fond de la vallée ;
Des bêlemens lointains partout m’ont appelée.
J’ai couru : tu fuyais sans doute loin de moi :
C’était d’autres pasteurs. Où te chercher, ô toi
Le plus beau des humains ? Dis-moi, fais-moi connaître
Où sont donc tes troupeaux, où tu les mènes paître.

Ô jeune adolescent ! tu rougis devant moi.
Vois mes traits sans couleur ; ils pâlissent pour toi
C’est ton front virginal, ta grâce, ta décence ;
Viens. Il est d’autres jeux que les jeux de l’enfance.
Ô jeune adolescent, viens savoir que mon cœur
N’a pu de ton visage oublier la douceur.
Bel enfant, sur ton front la volupté réside.
Ton regard est celui d’une vierge timide.
Ton sein blanc, que ta robe ose cacher au jour,
Semble encore ignorer qu’on soupire d’amour.
Viens le savoir de moi. Viens, je veux te l’apprendre ;
Viens remettre en mes mains ton ame vierge et tendre,