Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/9

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et de Lebrun. Animé de la passion de l’étude, il se levait avant le jour pour s’occuper de ses travaux : les seuls rêves de l’ambition qu’il ait connue étaient d’atteindre à l’universalité des connaissances humaines.

L’excès du travail lui causa une maladie violente. Les deux frères Trudaine, ses amis d’enfance, après avoir hâté sa guérison, le décidèrent à les accompagner en Suisse. Il fit ce voyage à vingt-deux ans. On a retrouvé quelques notes de ses impressions passagères ; niais rien qui se rapporte à l’idée d’écrire un ouvrage. On y sent même l’embarras d’une admiration trop excitée, et cette impuissance de l’enthousiasme qui a besoin pour créer de la magie des souvenirs.

Au retour de cette excursion toute poétique, le marquis de la Luzerne, ambassadeur en Angleterre, l’emmena avec lui. Il parait qu’il passa à Londres des jours pénibles. Mécontent de son sort et de sa dépendance, déjà tourmenté d’une maladie qui l’obséda toujours, il épuisa en de fréquens voyages quelques années d’une vie errante, inquiète, incertaine, et ne se fixa enfin à Paris qu’en 1788.

C’est alors, à vingt-six ans, qu’il mit dans ses travaux commencés et dans le plan des ouvrages qu’il voulait faire, une suite et un ordre constans. Charmé des Grecs, il forma son style sur leurs divins