Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/102

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loi ne leur semble point injuste, dur, tyrannique ? quel établissement leur parait bon, utile, supportable, si ce n’est peut-être ces établissements, heureusement éphémères, qui servent à inquiéter les citoyens, à les soumettre à des perquisitions iniques, à les arrêter, à les emprisonner, à les interroger sans décret et sans forme de loi. Enfin, quel emploi, quel office, quelle chose, quelle personne, publique a pu trouver grâce devant eux ?

M. Bailly est porté par le suffrage public à la première magistrature de la cité ; les gens de bien s’en réjouissent, et voient un encouragement au mérite et à la vertu dans l’élévation d’un homme qui doit tout au mérite et à la vertu. Mais sitôt que cet homme veut remplir sévèrement les devoirs de, sa charge, en s’efforçant d’établir le bon ordre et l’union, de calmer et de concilier les intérêts divers, et d’empêcher que les ambitions particulières n’empiètent sur les droits d’autrui et sur la paix publique, le voilà dénoncé lui-même comme un ambitieux, comme un despote ennemi de la liberté. M. de la Fayette est mis à la tête de l’armée parisienne ; de grandes actions exécutées pour une belle cause, à un âge où la plupart des autres hommes se bornent à connaître les grandes actions d’autrui, le rendent cher à tous ceux qui pensent et qui sentent : tout le monde applaudit. Mais, dès qu’avec beaucoup de courage, d’activité, de sagesse, il parvient à apaiser un peu les agitations de cette grande Cité ;