Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/123

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excitateurs de troubles, quoiqu’ils n’aient sur leurs adversaires ni l’avantage de la vérité, ni certes celui des lumières et des talents. Et qu’on ne m’objecte pas que je les ai tous confondus ensemble, sans distinguer mes accusations contre chacun d’eux ; car c’est collectivement et en masse qu’ils sont redoutables, séparément ils n’existent pas.

J’ai, ce me semble, établi sur des notions assez claires, et fait reconnaître à des signes assez évidents, quels sont les vrais amis et les vrais ennemis du peuple ; j’ai aussi suffisamment démontré combien il importe de les bien connaître et de ne pas s’y tromper. Puissé-je n’avoir point nui à l’intérêt du sujet ; et puisse ce travail, qui au moins par son objet n’est pas inutile à la chose publique, trouver un grand nombre de lecteurs ! S’il peut seulement aider quelque citoyen honnête, mais aveugle et imprudent, à ouvrir les yeux sur les dangers qui nous environnent tous ; s’il peut enhardir quelque citoyen honnête et éclairé, mais tiède et timide, a se déclarer ouvertement en faveur de l’ordre public, de la vraie liberté, du vrai patriotisme, contre la fausse liberté, le faux patriotisme, l’enthousiasme théâtral et factice, je ne croirai pas avoir perdit ma peine. J’espère, je l’avouerai, que mon ouvrage pourra produire cet effet. J’avais résolu, dans le commencement, de ne point essayer de sortir de mon obscurité dans les conjonctures présentes, de ne point faire entendre ma voix inconnue au milieu de cette confusion de voix publique et de cris particuliers, et d’attendre en silence la fin de