Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/131

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tour à tour. La France n’est point dans cet état, ; et les Français sont beaucoup plus divisés par les haines que par les opinions. Les principes reconnus et établis par l’Assemblée nationale, sont ceux que tous les bons esprits de tous les temps ont annoncés en tout ou en partie comme les vrais fondements du pacte social. Leur évidence a frappé la presque totalité de la nation.

Plusieurs même des mécontents les adoptent souvent dans la discussion. Il n’y a donc que les fausses conséquences que l’intérêt de quelques particuliers en a su tirer, et que les injustices auxquelles ils les ont fait servir de prétexte, qui aient pu élever contre eux un si grand nombre d’ennemis. Ne sont-ils donc pas bien condamnables, ceux qui semblent avoir pris à tâche d’entretenir cette aigreur dans les esprits, d’envenimer les plaies dès qu’elles paraissent prêtes à se fermer ; de réveiller les passions dès qu’elles semblent s’assoupir ; et de ranimer sans cesse cette fermentation populaire, que les lois doivent craindre dès qu’elles ne peuvent pas l’arrêter ?

Quelques-uns disent que cela sert à intimider les ennemis du dedans et du dehors. Je dirais que la raison et l’expérience montrent que cela doit produire l’effet contraire.

Mais il ne faut pas répondre sérieusement à des discours qui ne sont que de vaines défaites.

Examinons un des moyens les plus sûrs et le plus souvent employés, dans tous les temps, pour tenir la multitude en haleine : les délations. Nous en avons été inondés pendant deux ans. Qu’a-t-on découvert ? quel crime a été et démontré ? Et alors qu