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Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/140

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reconnaîtra dans mes peintures, que c’est en effet lui, lui-même, que j’avais en vue.

Entre les causes qui doivent nous faire souhaiter ardemment que l’Assemblée nationale, abandonnant aux législatures prochaines tout ce qui n’exige pas sa main, ne perde pas un instant pour achever la constitution, et mettre un terme à son immense ouvrage, l’espoir de voir finir tous ces partis qui nous fatiguent et détériorent l’esprit publie, ne me semble pas devoir être compté pour une des moindres. Alors seulement nous en devons attendre la fin. Tant que l’Assemblée nationale durera, les peuples attentifs, voyant toujours agir la main qui a tout détruit et tout rebâti, demeurent toujours en suspens, et semblent toujours prévoir quelque nouveauté. On n’habite la maison avec sécurité que lorsque les ouvriers n’y sont plus. Alors seulement, tons, patriotes et mécontents, seront bien convaincus que l’édifice est stable et ferme ; et comme ce sont les mouvements intérieurs dont l’Assemblée est agitée qui vont de-là agiter le corps entier de la nation, alors seulement la concorde et la paix pourront renaître parmi nous comme parmi nos législateurs.

L’Assemblée actuelle, composée de membres hétérogènes, réunis entre eux malgré eux, ne saurait aucunement être paisible : trop d’intérêts ennemis, trop de prétentions rivales, trop de passions aigries la divisent, et forcent la raison même à être quelquefois oppressive. Il est évident que les assemblées futures n’auront pas les mêmes inconvénients : leurs membres, tous élus par les mêmes commettants, au même titre, de la même manière, pour la même chose, ne seront