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Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/141

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plus partagés que par ces différences d’opinions qui ne font pas un schisme. Tous partiront des mêmes principes : constitutionnels, parce qu’ils sont vrais ; et respectés de tous, parce qu’ils sont constitutionnels. Alors aussi s’évanouiront toutes ces dénominations qui rangent les citoyens en deux armées ; nul n’osera plus fouiller dans les pensées d’autrui ; chaque mortel, comme c’est son droit, aura l’opinion qu’il lui plaira, sans pouvoir être inquiété ; la loi punira les perturbateurs et les rebelles. Alors aussi, l’Assemblée nationale jouira d’une véritable gloire et de la reconnaissance publique ; car l’aspect des scènes fâcheuses dont elle a. trop souvent été le théâtre ne frappera plus nos yeux. Le souvenir des fautes, facilement réparées, où les circonstances dont j’ai parlé, et d’autres encore, l’ont précipitée quelquefois, sera comme effacé par l’éloignement. Nous aurons oublié jusqu’aux noms de ces audacieux despotes, qui, s’emparant tyranniquement de ses délibérations, l’ont quelquefois engagée, presque à son insu, dans des démarches inconsidérées, que dans l’ivresse de leur pouvoir ils dédaignent même de colorer par des sophismes ; tandis que, d’autre part, les principes humains, féconds, éternels, qu’elle a fait servir de base à notre constitution, fructifiant de tous côtés en industrie, en richesse, en vertus nationales, nous attacheront à nos lois, et nous rappelleront sans cesse à la mémoire ces deux années, quelquefois amères par plus d’une journée funeste, mais fertiles en bienfaits encore plus grands et plus nombreux, et remplies de travaux qui pourraient honorer deux siècles. Qu’il me soit donc permis de dire