Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/145

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s furieux devenus implacables ennemis de leur patrie, se réjouissaient presque à la nouvelle des horreurs qui ont ensanglanté nos. provinces méridionales ; et, falsifiant les décrets, égarant le peuple des campagnes, semant la discorde, appelant le sang, emploient les mêmes armes que les plus vils brouillons qui aient déshonoré le parti contraire, et semblent vouloir les justifier ; ils n’ont pas honte de maudire la France et tous les Français, d’invoquer dans leurs vœux toutes les puissances de la terre contre une nation qui ne connaît plus leur livrée, et se repaissent constamment de l’absurde et abominable espérance que l’univers entier se réunira pour venir. exterminer un pays où ils ne sont plus marquis, et où l’on ne les encense plus dans l’église de leur village.

Tous ceux qui s’indignent qu’un grand peuple n’ai plus voulu être esclave, et qui appellent usurpateurs et rebelles les hommes qui reprennent leurs droits, n’ont rien où ils se complaisent davantage qu’en une peinture de la situation du roi ; ils ne tarissent pas en complaintes sur l’infortune d’un prince réduit à être le premier citoyen d’une nation libre, et qui., tout puissant encore pour faire le bien, borné seulement dans la faculté de nuire, ne se montrant aux hommes que pour leur dicter les lois faites par eux pour leur félicité commune, n’en peut être haï que s’il le veut expressément, et n’a, pour être aimé d’eux, qu’à remplir à la lettre les augustes fonctions dont il est chargé.

Mais ces déclamateurs pathétiques, aux yeux de qui un pareil destin est si déplorable, qui sont-ils ? Ce sont (