Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/146

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on ne peut se le rappeler sans rire), ce sont d’anciens pairs de France, d’anciens magistrats, d’anciens courtisans, que nous avons entendus jadis, lors des oppositions du parlement. contre la cour, tenir un bien autre langage : ils désiraient alors, ils demandaient, ils appelaient une révolution plus favorable à leurs vues particulières, et alors ils ne cessaient de nous fatiguer lés oreilles d’un méprisable amas d’anecdotes calomnieuses sur ce même roi, sur toute sa famille, et ne savaient même pas se taire, quand un homme sage leur disait : « Tout ce que vous contez là est vrai ou faux, mais n’importe en aucune manière. Si les rois s’égarent, ceux qui les élèvent et qui les entourent sont plus coupables qu’eux. Mais, quand même la conduite des rois serait irréprochable, il n’en faudrait pas moins établir une constitution libre et forte qui rendît le sort des nations indépendant des vices ou des vertus d’un seul homme. »

J’observerai la même chose sur notre haut Clergé, jadis si fier de sa résistance aux prétentions de la cour romaine, aujourd’hui si prompt à lui accorder plus qu’elle n’a jamais demandé. A Dieu ne plaise que je veuille accuser d’imposture et de mauvaise foi tous les ecclésiastiques à qui nos établissements nouveaux semblent incompatibles avec leurs anciens serments. Sans rien comprendre à leur manière de raisonner, je crois à la conscience de tous ceux qui ont donné volontairement leur démission. Mais la plupart de ceux qui se déclarent avec le plus d’emportement contre l’impiété de ces lois fondées seulement sur la raison humaine, qui nous traduisent les véhémentes