Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/218

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Les plis de leurs habits ne gênent point leurs pas
Et laissent découverts leurs genoux délicats ;
Là s’arrêtent en foule auprès d’une fontaine,
Anticlée et Procris, Aréthuse et Cyrène,
Vierges comme Diane et qui vont dans les bois[1]
Sur les loups dévorants épuiser leurs carquois.
Je les verrai, déesse, avec leurs doigts faciles,
Dételer de ton char tes cerfs aux flancs agiles,
Détacher le frein d’or trempé de leurs sueurs,
Caresser leur poitrine et les nourrir de fleurs.
Mais si le doux ruisseau roulant des ondes claires
Vous invite à quitter vos tuniques légères,
Déesse, je fuirai ; car ton chaste courroux
Est terrible et mortel. Je fuirai loin de vous,
De peur qu’à te venger ta meute toute prête
Ne voie un bois rameux s’élever sur ma tête.


Callim. in Dian., εἰς Ἄρτεμιν, hymne iii.
Analecta de Brunck, t. I, p. 431.


Quand d’Alphée avec elle ou du frais Érymanthe,
Des nymphes de sa suite une troupe brillante,
D’un jeune chœur dansant vient égayer les bois,
Son épaule divine agite son carquois ;
La plus belle du chœur, quoique toutes soient belles,
Elle marche, et son front s’élève au-dessus d’elles.

  1. Le manuscrit porte cette variante, qui était la première pensée de l’auteur :

    D’autres vierges encor qui viennent dans les bois.
    (G. de Chénier.)