Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/354

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Fils de la liberté, parmi ses funérailles,
D’un poignard vertueux déchirer mes entrailles !
Et des pontifes saints les bancs religieux
Verraient même aujourd’hui vingt sophistes pieux
Prouver en longs discours appuyés de maximes
Que toutes mes vertus furent de nobles crimes ;
Que ma mort fut d’un lâche, et que le bras divin
M’a gardé des tourments qui n’auront point de fin.


Mais, mes deux amis, mes compagnons, je ne veux point souhaiter un monde meilleur où vous ne seriez pas ! Plût au ciel que nous y eussions été ensemble. Nous aurions formé un triumvirat plus vertueux que celui… Mais vivons comme ces grands hommes. Que la fortune en agisse avec nous comme il lui plaira : nous sommes trois contre elle. Tout cela doit être fait de verve et sur les lieux[1].


LII[2]


....Île charmante, Amphitrile, ta mère,
N’environne point d’île à ses yeux aussi chère.
Paphos, Gnide ont perdu ce renom si vanté.
C’est chez toi que l’amour, la grâce, la beauté,
La jeunesse, ont fixé leurs demeures fidèles.
Berceau délicieux des plus belles mortelles,
Tes cieux ont plus d’éclat, ton sol plus de chaleurs ;
Ton soleil est plus pur, plus suaves tes fleurs.

  1. Ainsi cette pièce a été ébauchée avant le voyage en Italie, vers 1784 ; elle devait être terminée pendant le voyage.
  2. Édition 1833.