Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/355

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D’… reçut le jour sur tes heureux rivages[1].
Que toujours tes vaisseaux ignorent les naufrages,
Que l’ouragan jamais ne soulève tes mers,
Que la terre en tremblant, l’orage, les éclairs,
N’épouvantent jamais la troupe au doux sourire
Des vierges aux yeux noirs, reines de ton empire !


LIII[2]


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Soit que le doux amour des nymphes du Permesse,
D’une fureur sacrée enflammant sa jeunesse,
L’emporte malgré lui dans leurs riches déserts,
Où l’air est poétique et respire des vers ;
Soit que d’ardents projets son âme poursuivie
L’aiguillonne du soin d’éterniser sa vie ;
Soit qu’il ait seulement, tendre et né pour l’amour,
Souhaité de la gloire, afin de voir un jour,
Quand son nom sera grand sur les doctes collines,
Les yeux qui rendent faible et les bouches divines
Chercher à le connaître, et, l’entendant nommer
Lui parler, lui sourire, et peut-être l’aimer.

  1. Selon les conjectures de M. Becq de Fouquières il s’agirait toujours de Mme de Bonneuil (Michelle Santuary), née à l’île Bourbon. Le premier éditeur avait mis Fanny.
  2. Édition 1833.