Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/388

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a une belle partie à la promenade, à l’ombre, on l’attend, on lui garde la meilleure place.


Au sein de ses amis il éteint son flambeau,
Et ceux qui l’ont connu pleurent sur son tombeau.



LXXXIII[1]

ÉLÉGIE ITALIENNE


Ô c’est toi ! Je t’attends, ô ma belle Romaine[2].
Chez toi, dans cet asile où le soir nous ramène
Seul je mourais d’attendre et tu ne venais pas.
Mon cœur en palpitant a reconnu tes pas[3].
Cette molle ottomane..........
Ces glaces, tant de fois belles de la présence,
Ces coussins odorants, d’aromates remplis,
Sous tes membres divins tant de fois amollis ;
Ces franges eu festons que tes mains ont touchées.
Ces fleurs dans ces cristaux par toi-même attachées ;
L’air du soir si suave à la fin d’un beau jour,
Tout embrasait mon sang : tout mon sang est amour.
Non, plus de feux jamais, non, jamais plus d’ivresses
N’ont chatouillé ce cœur affamé de caresses ;
Je veux rassasier cet amour indompté[4].
.......qui seul est la beauté.

  1. Revue de Paris, 1830.
  2. Le premier éditeur avait omis ce vers.
  3. Il avait également omis celui-ci, et l’hémistiche suivant
  4. Ces vers ont paru pour la première fois dans l’édition de M. G. de Chénier.