Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/94

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Pour n’être point Français ? pour commander aux lois ?
Pour ramener ces temps de leurs exploits,
Où ces tyrans, valets sous le tyran suprême,
Aux cris du peuple indifférents,
Partageaient le trésor, l’État, le diadème ?
Mais l’équité dans leurs sanhédrins même
Trouve des amis. Quelques grands,
Et des dignes pasteurs une troupe fidèle,
Par ta céleste main poussés,
Conscience, chaste immortelle,
Viennent aux vrais Français, d’attendre enfin lassés,
Se joindre ; à leur orgueil abandonnant des prêtres
D’opulence perdus, des nobles insensés
Ensevelis dans leurs ancêtres.


X




Bientôt ce reste même est contraint de plier.
Ô raison, divine puissance !
Ton souffle impérieux dans le même sentier
Les précipite tous. Je vois le fleuve entier
Rouler en paix son onde immense,
Et dans ce lit commun tous ces faibles ruisseaux
Perdre à jamais et leurs noms et leurs eaux.
Ô France ! sois heureuse entre toutes les mères.
Ne pleure plus des fils ingrats,
Qui jadis s’indignaient d’être appelés nos frères ;
Tous revenus des lointaines chimères,
La famille est toute en tes bras.
Mais que vois-je ? ils feignaient ? Aux bords de notre Seine
Pourquoi ces belliqueux apprêts ?
Pourquoi vers notre cité reine