Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/113

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De la vérité pure il déteste l’approche.
Il craint que son regard ne lui fasse un reproche,


Que ses traits, sa candeur…


Tout mensonge qu’il est, ne le fassent pâlir.
Mais la vérité seule est constante, éternelle.


Le mensonge change et les hommes errent de mensonge en mensonge… Mais quand le temps aura précipité dans l’abîme ce qui est aujourd’hui sur le faite et que plusieurs siècles se seront écroulés l’un sur l’autre dans l’oubli, avec tout l’attirail des préjugés qui appartiennent à chacun d’eux, pour faire place à des siècles nouveaux et à des erreurs nouvelles… alors peut-être… on verra si… ; et si en écrivant j’ai connu d’autre passion


Que l’amour des humains et de la vérité.


[partie de ce canevas exécutée]


 
Ô mon fils, mon Hermès, ma plus belle espérance ;
Ô fruit des longs travaux de ma persévérance,
Toi, l’objet le plus cher des veilles de dix ans,
Qui m’as coûté des soins et si doux et si lents ;
Confident de ma joie et remède à mes peines ;
Sur les lointaines mers, sur les terres lointaines,
Compagnon bien-aimé de mes pas incertains,
Ô mon fils, aujourd’hui quels seront tes destins ?
Une mère long-temps se cache ses alarmes ;
Elle-même à son fils veut attacher ses armes