Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Moins lente on voit couler la liqueur de l’olive.

Doux comme la vertu, beau comme la pudeur.


Ainsi, sur une cime élevée une immense quantité de neige s’amoncelle et demeure suspendue et immobile au penchant du mont. Mais un seul flocon qui se détache donne à tout le mouvement ; il en entraîne un second, puis un autre ; et bientôt tout cet amas énorme s’éboule dans la vallée avec un fracas épouvantable.


Ainsi, quand la tempête aux ailes ténébreuses.


Le serpent (voyez Virgile[1]), aux rayons du soleil,


De sa queue à longs plis sillonne la poussière
Et de son triple dard fait siffler la lumière.


Ainsi, une génisse dans l’étable, si quelqu’un vient toucher et caresser son veau, croit qu’on veut le lui enlever elle tourne la tête, elle fait effort pour se détacher et venir à son secours et mugit douloureusement.

Ainsi, un homme qui, dans le cœur de l’hiver, veut passer un fleuve glacé… Il s’avance… mais au milieu, tout à coup, il entend la glace crier et se fendre sous ses pieds… il s’arrête.


Il pâlit. Sur son front se dressent ses cheveux.
Tremblant, l’effroi l’agite et roule dans ses yeux.
Le tumulte, la mort égarent son visage,
Et sa mère, à grands cris, le rappelle au rivage.

  1. Géorgiques, liv. III, v. 424 et 439.