Qu’un œil sûr te dirige, et de loin avec art
Dispose ces ressorts que l’on nomme hasard.
Mais souvent un jeune boraine, aspirant à la gloire
De venir, voir et vaincre et prôner sa victoire,
Vole et hâte l’assaut qu’il eût dû préparer.
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L’imprudent a voulu cueillir avant l’automne
L’espoir à peine éclos d’une riche Pomone ;
Il a coupé ses bleds quand les jeunes moissons
Ne passaient point encor les timides gazons[1].
Le danger, c’est ainsi que leur bouche l’appelle
D’abord effraie ou semble effrayer une belle ;
Prudence, adresse, temps, savent l’accoutumer
À le voir sans le craindre et bientôt à l’aimer.
Quand Junon sur l’Ida plut au maître du monde,
Xanthus[2] l’avait tenue ait cristal de son onde ;
Et sur sa peau vermeille une savante main
Fit distiller la rose et les flots de jasmin.
Cultivez vos attraits ; la plus belle nature
Veut les soins délicats d’une aimable culture.
Mais si l’usage est doux, l’abus est odieux.
Des parfums entassés l’amas fastidieux,
De la triste laideur trop impuissantes armes,
À d’indignes soupçons exposeraient vos charmes.
Que dans vos vêtemens le goût seul consulté
N’étale qu’élégance et que simplicité.