Aller au contenu

Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

V[1]


C’est son chef-d’œuvre, il lit : studieux auditeur,
Admirez. Ce matin, fougueux déclamateur.
Loin du bruyant démon qui le presse et l’agite,
Maîtres, valets, portier, ils ont tous pris la fuite.
L’escalier a tremblé des éclats de sa voix.
Il s’est gratté le front ; il s’est rongé les doigts.
Pour être un grand rimeur il sait ce qu’il en coûte.
Ses ongles en entier disparaîtront, sans doute,
S’il faut qu’une autre fois, Apollon, qui lui rit,
D’un tel moment de verve échauffe son esprit.
....................[2]


VI[3]


La couronne toujours ne fait pas la victoire.
Que Voltaire, partout, à l’encens immortel,
Aille de son Quinault recommander l’autel ;
À juger des bons vers les oreilles bien nées,
De ses hymnes pompeux justement étonnées,
Ne trouvent, quoi qu’ait dit un si grand défenseur,
Dans cet amas d’écrits humbles, nus, sans couleur,

  1. Édition de G. de Chénier.
  2. M. Sainte-Beuve a cité ce vers d’André Chénier qui se rattache bien ici :
    Grand rimeur aux dépens de ses ongles rongés.
  3. Édition de G. de Chénier.