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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/259

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Où mes yeux, éloignés des publiques misères,
Ne verront plus partout les larmes de mes frères,
Et la pâle indigence à la mourante voix,
Et les crimes puissants qui font trembler les lois.

Toi donc, Équité sainte, ô toi, vierge adorée,
De nos tristes climats pour longtemps ignorée,
Daigne du haut des cieux goûter le noble encens
D’une lyre au cœur chaste, aux transports innocents,
Qui ne saura jamais, par des vœux mercenaires,
Flatter, à prix d’argent, des faveurs arbitraires,
Mais qui rendra toujours, par amour et par choix,
Un noble et pur hommage aux appuis de tes lois.
De vœux pour les humains tous ses chants retentissent :
La vérité l’enflamme, et ses cordes frémissent
Quand l’air qui l’environne auprès d’elle a porté
Le doux nom des vertus et de la liberté.


II[1]


Au bord du Rhône, le 7 juillet 1790[2].


 
........ Terre, terre chérie
Que la liberté sainte appelle sa patrie ;
Père du grand sénat, ô sénat de Romans,
Qui de la liberté jetas les fondements[3] ;

  1. Édition 1819.
  2. C’est le premier éditeur qui donne cette épigraphie contestée par M. G. de Chénier
  3. En 1788, ce fut à Vizille d’abord, et ensuite à Romans, que se tinrent les états du Dauphiné, célèbres dans l’histoire de la Révolution française (B. de F.]