Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/286

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ANTISTROPHE DEUXIÈME



       Dès lors l’étranger étonné
Se tait avec respect devant leur sceptre immense,
       Leur peuple à leurs pieds enchaîné,
       Vantant jusques à leur clémence,
Nous voue à la risée, à l’opprobre, aux tourments ;
Nous, de la vertu libre indomptables amants.
Humains, lâche troupeau !… Mais qu’importent au sage
       Votre blâme, votre suffrage,
Votre encens, vos poignards, et de flux en reflux
       Vos passions précipitées ?
Il nous faut tous mourir. À sa vie ajoutées
Au prix du déshonneur, quelques heures de plus
       Lui sembleraient trop achetées.


ÉPODE DEUXIÈME


       Lui, grands dieux ! courtisan menteur,
De sa raison céleste abandonner le faîte,
       Pour descendre à votre hauteur !
En lui-même affermi, comme l’antique athlète,
       Sur le sol où son pied s’arrête
Il reste inébranlable à tout effort mortel,
Et laisse avec dédain ce vulgaire imbécile,
       Toujours turbulent et servile,
Flotter de maître en maître et d’autel en autel.