Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/302

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VI[1]


Grâce à notre sénat, le ciel n’est donc plus vide !
De ses fonctions suspendu,
Dieu.................
Au siège éternel est rendu.
Il va reprendre en main les rênes de la terre.


Il faut espérer qu’après un exil de plusieurs mois il se conduira mieux… et que sa première marque de repentance sera de punir ses nouveaux adorateurs… Quoi ! Dieu tout-puissant, tu souffres que de pareils personnages te louent et t’avouent ! Tu endures la dérision avec laquelle ils te bravent, et croient que tu existes quand ils vivent !


Tu ne crains pas qu’au pied de ton superbe trône,
Spinosa, te parlant tout bas,
Vienne te dire encore : Entre nous, je soupçonne,
Seigneur, que vous n’existez pas.


Que croiront les mortels, quand ils verront que sous tes yeux, le nom de vertu est prononcé par des bouches qui… ; de probité, par des bouches qui… ; d’humanité, par des bouches qui… ; et que tout est le sujet de leur basse et dérisoire hypocrisie !


Quoi ! ton œil qui voit tout, sans les réduire en cendre,



pénètre dans les antres affreux, où les Carrier, les Lequinio, couchés sur des cadavres, rongent des ossements hu-

  1. Édition de G. de Chénier. Composé à propos de la fête de l’Être suprême.