Mais, que dis-je ! accablée de mon absence (ah ! je connois tout son amour pour moi), cette moitié de mon ame, cette autre partie de moi-même, passe ses jours dans la douleur ; d’abondantes larmes gonflent ses paupières fatiguées ; ses lèvres si fraîches sont desséchées par le feu de ses soupirs ; je la vois, la tête douloureusement appuyée sur sa main languissante ; j’aperçois ce front, autrefois si serein, voilé par la tresse du veuvage[1] ; je crois l’entendre s’entretenir avec sa fidèle Sarikâ[2] de la fin prochaine de mon exil. Hélas ! c’est en vain que, dans l’espoir de tromper sa douleur, ses doigts gracieux se promènent sur son luth pour accompagner un chant destiné à célébrer la gloire de notre race ; les cordes, humectées par ses pleurs, refusent de produire aucun son.
Cependant, si, touchée de ses peines, quelque divinité bienfaisante avoit fait couler dans ses membres le baume du sommeil, ah ! garde-toi de l’interrompre ; retiens la voix de ton tonnerre, qui, peut-être, l’arracheroit à un songe flatteur. Mais, au moment de