Page:Chair molle.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

énumérée dans ces litanies, devait être un motif de plus pour le pardon ; mais, à mesure que la prière s’égrenait, sans qu’il vint un apaisement, il lui semblait aussi que la grâce était perdue pour toujours. Désespérément, elle attendait un signe miraculeux qui assurât, sa requête accueillie. Et bientôt le plafond se teintait de taches mouvantes bleues, vertes. Lucie abaissait les paupières, que lancinait un picotement insupportable, et les appuyait en ses mains. Elle revoyait le plafond tout d’azur, comme un ciel sans nuages, puis il rougissait, s’assombrissait ; il devenait tout noir, avec un point lumineux, brillant très loin, dans une ombre épaisse. Soudain ce point lumineux se multipliait ; des milliers d’étoiles s’élevaient, disparaissaient, remplacées par d’autres, à l’infini. Lucie Thirache se sentait pâlir et frissonner, presque s’évanouir. Elle rouvrait les yeux précipitamment, croyant à une mort proche, persuadée que Marie l’exauçait en l’appelant près elle. Mais elle retrouvait la salle très calme, où psalmodiait toujours la voix de la religieuse ; ses compagnes agenouillées ; la croix brune ; et, de son extase, il ne restait qu’une énorme tache verte dansant devant son regard, s’interposant entre elle et les objets.

Elle s’abîmait en un béat orgueil.

Ainsi, manifestement, la Vierge lui avait promis assistance. Cette vision qu’elle avait eue était