Page:Chair molle.djvu/149

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ça, c’est Charles qui vient, et puis ils causent d’un tas de blagues, que je n’y comprends rien ; de service, de chiffres, de plans ; est-ce que je sais ! Puis, quand je leur dis quelque chose, ils se foutent de moi et continuent à causer de leurs affaires.

— Pauvre chérie ! Tu vois bien que c’est pas drôle, d’être collée comme ça.

L’autre renchérit, énuméra toutes ses petites misères. Mais, Lucie, s’apitoyant, demanda pourquoi elle ne se passait pas d’homme. Dosia alors se remit à louer ce genre de vie, raconta des parties fines, des voyages, de longues journées passées au lit dans un spasme d’amour. Et, de nouveau, elle insistait sur son invitation, jurait que l’ennui venait seulement de ces trop sérieux entretiens qui cesseraient, quand elles seraient deux à les interrompre :

— D’ailleurs, s’ils continuent, reprit-elle, nous les agacerons tout le temps, à parler tout bas à nous deux. Ça met les hommes en rage, tu sais, ce sera très drôle. Ils sont si bêtes.

— Oh, ça, c’est rudement vrai ! S’ils savaient seulement combien on se fout d’eux !

Elles rirent beaucoup. Dosia s’était assise sur le lit et, elle baisait sa bonne Nina, tâchait à la convaincre par des câlineries. Lucie Thirache, obstinément, refusait ; enfin, elle ajouta :

— Non, vois-tu, pas aujourd’hui ; il faut que