Page:Chair molle.djvu/188

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bien revenir ; je me fous un peu de lui, avec ma canne, je le forcerai à se tenir tranquille.

— Oh ! si tu crois qu’il se laisserait faire comme ça.

— Bah ! il n’a pas l’air bien solide, ton Charles !… Oh ! et puis, il nous laissera bien partir, n’est-ce pas ?

— Peuh ! peuh ! quand il dit quelque chose, il le fait. J’ai salement peur qu’il ramène la police.

— La sale farce que ça serait ! Mais tu disais tout à l’heure, qu’il n’y avait rien à craindre.

— D’abord, ce n’est pas vrai ; c’est toi qui faisais le brave.

Il y eut un silence, tous deux maintenant, s’attendaient à une catastrophe.

Et, dans son affolement, Lucie se voyait replacée sous la surveillance, elle s’abandonnait à imaginer ce malheur prévu. Ils regardaient la porte, tous deux, en réfléchissant.

Soudain un bruit de pas pressés dans l’escalier.

— C’est lui, fit Lucie.

— Il est seul ; quelle veine !

D’un coup la porte s’ouvrit, l’officier entra l’air penaud, avec une rage dans les yeux :

— Allons, foutez-moi le camp, tous les deux, nom de Dieu ! Je vous laisse partir, parce que je ne veux pas être à de pareilles affaires surtout