Page:Chair molle.djvu/30

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— Encore une, sur le ventre de qui il en passera !

Elle haussa les épaules, affichant un grand mépris pour ces observations ! et alla s’asseoir en un fauteuil, murmurant : « En v’là des imbéciles ! »

Elle rajustait et flattait les plis de son jupon jaune, les volants de dentelle noire. Aux agaceries d’un jeune homme, assis près d’elle, elle ne daigna d’abord répondre. Mais, ayant trouvé insupportables ses questions sans cesse renouvelées, elle le renseigne rageusement :

— Je m’appelle Nina, là. Êtes-vous content maintenant ?

— Comme tu es méchante !

Satisfaite d’épancher sa fureur et ses dégoûts, elle s’emporta :

— C’est vrai ça, aussi, si c’est pas bête de se lancer comme ça sur une femme pour lui éreinter toutes ses affaires !

— Allons, tu es folle de te fâcher comme ça ; c’est parce qu’on te trouve gentille, autrement on ne t’aurait rien dit ; il faut bien s’amuser !

— Oh ! oui. Ça ne prend pas.

— Mais je t’assure, tu es charmante, en Espagnole, avec une belle poitrine, dans un beau corsage rouge et des beaux bras bien blancs. Allons, laisse ta robe tranquille, il n’y a rien du tout.