Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/260

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forcé, par les circonstances, de chanter les com- bats et de montrer la mort du soldat comme la plus belle de toutes, il préfère, au fond, la paix à la guerre. Sa naissance l'appelait à suivre la carrière des armes; il la néglige, malgré les reproches de son père :

Je fus souventcs fois retansé de mon père. Voyant que j'aimois trop les deux filles d'Homère,

Qui me disoit ainsi

« Ou bien si le dessein généreux et hardy,

En l'eschaufiant le sang ne rend accouardy

Ton cœur à mépriser les périls de la terre,

Pren les armes au poing, et va suivre la guerre

Et d'une belle playe, en l'estomac ouvert.

Meurs dessus un rempart, de poudre tout couvert*. »

Au fond, il a, pour la paix, une prédilection se- crète. Tout enfant, il aime mieux rôver dans les forêts qu'embrasser la carrière où son père vou- drait le voir entrer *. 11 maudit celui qui a inventé les armes'; il invoque la paix; il la supplie de venir rétablir l'harmonie entre les princes chré- tiens; il voudrait voir les épées changées en faux, et les toiles d'araignée recouvrir les morions. Je

' .V I*icrre IjOScoI.

- Moine pooinc.

' l'oeinc à Jean Ihinoit.