Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/48

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— 5B — gnie d'hommes politiques ou mililaires ëiiiiiienls, tels que Langey et Baïf, les voyages les plus inté- ressants que l'on pût faire alors. L'Angleterre, l'E- cosse, l'Allemagne, l'Italie lui étaient connues ; il avait été à même d'en étudier les mœurs, la langue, les littératures. Peu de vies ont commencé, au sei- zième siècle, sous d'aussi brillants auspices.

Les divers voyages de Ronsard se trouvent ter- minés vers la fin de 1540. Il revint auprès de la cour, alors en résidence à Blois. Il rapportait, de ses excursions à travers l'Europe, un goût prononcé pour la poésie et surtout pour la poésie passionnée et voluptueuse des Italiens. Nul doute qu'il n'eut lu avec admiration les sonnets de Marulle et les vers brillants de Jean Second. Mais rien ne nous prouve que, jusque là, il se fut senti poêle lui-même; au- cune pièce ne paraît avoir été écrite avant son sé- jour à Blois.

Il avait coniraclé, j)endant ses voyages, une infir- mité précoce (|ui ne le quitta plus, et ne laissa pas d'exercer sur le reste de sa vie une certaine in- fluence : tout jeune encore il fut fi-appé de surdité, et, dès lors, se trouvant gêné à la cour, il se jeta avec d'autant jilus d'ardeur du côté de l'étude et de la poésie \ Il })rofita alors, avec bonheur, des pré-

' Voir Vie (le Ronsard, t. VIII, p. 10, édit. olzcvirionne ; el !>;iinter-Beiive, Tableau de la poôaie française au seizième sidcle.