Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/60

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— 48 — lousaveczèle cette langue, nouvelle pour la France, et qui, un iiislanl, au seizième siècle, senibla vou- loir détrôner le latin et lui enlever une supériorité, incontestée jusque-là.

Nous ne pouvons, en relisant ces détails, emprun- lés aux récits des contemporains, nous empêcher d'admirer le courage, l'énergie de ces hautes intel- ligences. N'avaient-il pas le feu sacré des lettres, ces deux: jeunes gens qui passaient leurs nuits à apprendre à la fois (par un procédé spécial à Dau- rat) le grec et le latin? « Ronsard, qui avoit esté nourri jeune à la cour, accouslumé à veiller tard, conlinuoit à l'estude jusques à deux ou trois heures après minuit, et, se couchant, réveilloit Baïf qui se levoit, prenoitla chandelle et ne laissoit refroidir la place'. »

Ils purent bans doute retirer de cet enseignement abstrait quelques habitudes pédanlesques ; leur lan- gage se ressentit trop de leur intime cohabitation avec les auteurs anciens. Mais on doit voii' en eux ^utre chose que des écoliers et des pédants. Nous rions volontiers, avec liabelais, de cette ridicule manie de parler un langage qui n'était ni grec, ni latin, ni français ; mais nous ne voyons encore, dans cette erreur même, (pi'iinc noble illusion. Ils se

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