Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/76

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Ne servit que de farce au roy ; Mais ores, ores que lu nies En tant d'honnestes compagnies N'avoir mesdit de mon labeur Et que ta bouche le confesse. En présence de nous, je laisse Ce despit qui m'ardoit le cœur.

Dressant à notre amitié neuve Un autel, j'atteste le fleuve Qui des parjures n'a pitié Que ny l'oubli ny le temps mesme, Ny la rancœur ny la moi*t blesme Ne donou'ront notre amitié.

Tout nous porlc donc à penser que, dans celte circonstance, Ronsard fut de bonne foi, et que, franchement et sans arrière pensée, il tendit la main à Mellin. En fut-il de même du vieux poëte? Voilà ce qu'il est plus difficile de savoir. Il publie bien, comme gage de sa réconciliation, un sonnet qui ferait même supposer que, rivaux en poésie, ils le furent aussi en amour :

D'un seul malheur se peul huuenter celle En qui tout l'heur des asti'es est comjjris; C'est ô Pionsard, que tu ne fus épris Premier tjue moi de sa vie étincelle, Son nom co,i;neu par ta veine inunortelle, Qui les vieux passe et les ineilleuis esprits Apiès mille ans seroil vu plusf:;raM(l pris Et la rciidroil le temps li)iij(»urs plus belle...