Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mettre parmi les acteurs. Nous refusâmes impitoyablement ; nous le déclarâmes indigne, sans avoir daigné, même, examiner ses mérites, sans le prendre comme figurant, ainsi que nous avions procédé à l’égard d’un autre garçon qui est devenu, par la suite, un lithographe très connu.

Les prières, les supplications de l’apprenti papetier ne nous touchaient point. Nous étions, je l’avoue, des vaniteux, des aristocrates, et, par surcroît, des imbéciles ; car celui que nous avions repoussé persévéra dans sa vocation, s’adressa à d’autres comédiens de société qui s’empressèrent de l’accueillir. Il obtint du succès et ne tarda pas à débuter au théâtre du Mont-Parnasse, dans les Brodequins de Louise.

Aussitôt, les gens du métier lui prédirent un avenir brillant, et leur prédiction s’accomplit.

Nous avions refusé les services du jeune François-Louis Lesueur, qui hésita longtemps avant de se faire acteur de profession, pour ne pas déplaire à son père, mais dont la réputation d’excellent comique a sans cesse grandi, sur les scènes du Panthéon, de la Gaîté, du Cirque et du Gymnase-Dramatique.

Pendant vingt années tout Paris a applaudi Lesueur, mort à Bougival le 5 mai 1876. Le rôle de Grinchu, dans Nos bons villageois de Sardou,