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l’avait placé parmi les meilleurs sujets du Gymnase.

Quant à notre troupe de comédiens amateurs, voici ce qu’elle produisit :

Aucun de ses membres ne suivit la carrière qu’on lui avait imposée. Le père noble devint professeur d’harmonie au Conservatoire ; le paysan et le jeune premier sont conservateurs dans une bibliothèque de l’État ; le comique a acquis un vrai talent de graveur sur bois, il a collaboré à l’Histoire des Peintres ; la ganache, enfin, a longtemps trôné dans une préfecture.

Beaucoup de temps perdu, des dépenses continuelles, de la prétention au talent, voilà ce qui résultait ordinairement de la passion pour la comédie bourgeoise.

Elle entretenait mes inclinations anti-commerciales, quoique je fusse assez médiocre acteur, en dépit des bravos que la claque me prodiguait.

Je venais d’achever une poésie intitulée : femme ! Beauté du corps, beauté de l’âme, lorsqu’on me présenta à Émile Deschamps, qui écrivait alors ses remarquables Études françaises et étrangères, et une symphonie dramatique, Roméo et Juliette, pour son ami Hector Berlioz, compositeur très contesté de son vivant, qui eut besoin