Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/149

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Albums de salon ; celui de 1840 était signé Jules Robert pour le texte.

Jules Robert était mon pseudonyme. Encore enfoncé dans la basoche, je n’osais pas mettre mon nom au bas de mes articles. La mode, d’ailleurs, et je devrais dire la manie des écrivains de l’époque, était de prendre un pseudonyme, le plus souvent bizarre de forme et fixant l’attention des lecteurs.

Depuis le bibliophile Jacob (Paul Lacroix) jusqu’à Timon (de Cormenin), la liste des pseudonymes ne finit pas ; elle se continue de nos jours, où l’on prend un nom de littérature, comme on prenait jadis un nom de guerre ou de théâtre.

Auguste Maquet s’est appelé Augustus Mac-Keat ; Théophile Dondey s’est appelé Philothée O’Neddy. Honoré de Balzac signa ses premières productions de divers pseudonymes : lord Rhoone, H. de Saint-Aubin, Alfred Couvreux, etc. Victor Hugo, vers 1830, se cacha quelquefois sous le nom de Victor d’Auverney.

Nous lisions à la même époque des œuvres de Mérimée, qu’il publiait en s’enveloppant du voile du pseudonyme ; personne d’entre nous ne connaissait Henri Beyle, mais nous connaissions tous Stendhal, l’auteur de le Rouge et le Noir, et de la Chartreuse de Parme.